Le journal TV français, metteur en scène d’un monde inégal

C’est ce qui ressort d’une carte réalisée par Télérama, montrant les États les plus cités dans les journaux télévisés français.

« Le journal télévisé n’est plus qu’un film du monde en accéléré », disait Noël Mamère. Qui dit film, dit acteurs principaux et seconds rôles. Imaginons que ces comédiens soient les États de la planète. Et bien sachez que l’Oscar de l’acteur le plus prisé en 2013 par les journaux télévisés français reviendrait… aux États-Unis.

Selon l’éloquente carte réalisée par Télérama (voir ci-dessous), les States ont été cités à 1 790 reprises (soit près de 5 mentions quotidiennes) par les JT des six chaînes hertziennes (de TF1 à M6). Loin, très loin devant la Syrie (905 fois) ou le Mali (778 fois), enlisés dans des conflits armés internes. Suivent ensuite, dans le peloton de tête, nos voisins européens (Royaume-Uni, Allemagne, Italie), et plusieurs autres géants de ce monde (Chine et Russie).

Bref, pas de grosses surprises en soi. La loi de proximité géographique est bien respectée. De même que la proximité « mode de vie », car les pays occidentaux sont globalement plus souvent cités que les États orientaux. « Honnêtement, quand ça se passe loin, qu’on n’a pas d’attaches particulières avec le pays, on attend d’avoir les premiers bilans pour savoir si on y va », avouait même à Télérama, Eric Monier, directeur de la rédaction de France 2.

Ainsi, à cause de ses « attaches particulières », une fusillade américaine aura systématiquement plus d’impact médiatique en France qu’un attentat en Irak (mentionné… 54 fois en 2013), ou une catastrophe naturelle aux Philippines qui feront pourtant bien plus de victimes (en l’occurrence, le typhon philippin Haiyan a fait au moins 6 000 morts).

Le grand reportage coûte cher

La faute à quoi ? Au nombrilisme occidental ? Pas tout-à-fait. C’est plutôt une histoire de budget. Envoyer des journalistes au fin fond du monde coûte cher (billets d’avion, frais sur place…) à des chaînes dont les moyens sont de plus en plus limités (France Télévision par exemple).

Résultat, on n’a le droit qu’à un aperçu d’un tout petit bout de monde : 49 nations ont été citées par Delahousse et compagnie au moins à 50 reprises l’année passée. À l’échelle des 194 États de la planète, c’est maigrichon.

Alors la télé et ses journaux, mauvais plans pour savoir ce qu’il se passe dans le monde ? À voir. Pas certain que cette même carte appliquée à la presse écrite ou radio serait si différente.

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